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Le conseil municipal débat des orientations budgétaires de la ville pour 2026

By 7 novembre 2025 No Comments

Le 3 novembre 2025, le Conseil municipal de Grenoble a voté le Rapport d’Orientation Budgétaire. Le Rapport d’Orientation Budgétaire 2026 trace les grandes lignes du prochain budget de la Ville de Grenoble.

 

Des orientations budgétaires élaborées dans un contexte complexe 

Le budget 2026 se construit dans un contexte d’une rare complexité. L’instabilité gouvernementale depuis juin 2024 créent un environnement particulièrement incertain pour l’élaboration des budgets publics des collectivités locales. Ce marasme institutionnel s’ajoute à l’instabilité économique, nourrie par les tensions géopolitiques et une inflation persistante, qui impacte directement l’économie, les entreprises déjà éprouvées par la crise Covid19 et le pouvoir d’achat des ménages.

Le vieillissement de la population emporte également de multiples conséquences : déserts médicaux avec le départ en retraite des médecins, alors que dans le même temps, les besoins de santé et de soins s’accroissent. Pour la fonction publique territoriale, cela se traduit par des effets sur la santé au travail donc sur le nombre d’absences de longue durée,sans oublier le glissement vieillissement-technicité qui augmente mécaniquement les dépenses de fonctionnement.

Le dérèglement climatique constitue désormais une réalité quotidienne qui pèse lourdement sur les finances publiques locales. La septième limite planétaire, l’acidification des océans, a été franchie. Le premier point de bascule, la santé de la barrière de corail, a été atteint, présageant des effets systémiques sans action immédiate à l’échelle de la planète, et plus encore dans nos territoires de montagne. À Grenoble, la canicule estivale commence plus tôt et un épisode d’alerte rouge a eu lieu en août 2025 contraignant les services à se réorganiser en mode dégradé. Ce sont des fonctionnements auxquels le territoire doit s’habituer et préparer la population.

 

Les collectivités locales doivent rester des pôles de stabilité et de confiance

Ces dérèglements se traduisent par des coûts financiers directs et croissants pour les collectivités. En 2024 au plan national, les dépenses d’assurance des communes ont connu une très forte augmentation de 19,9 %, reflétant la hausse des risques climatiques, cyber-sécurité et des coûts de couverture. Cette explosion des primes d’assurance illustre concrètement l’impact budgétaire du changement climatique : les événements extrêmes plus fréquents, les dégâts liés aux canicules, aux inondations ou aux tempêtes génèrent des sinistres plus nombreux et plus coûteux. Ne pas investir aujourd’hui dans l’adaptation au changement climatique, c’est s’exposer demain à des coûts de réparation et d’assurance encore plus élevés. L’inaction a un prix, supérieur à celui de la prévention. Attendre coûte cher nous dit la Cour des Comptes « le coût de l’inaction est supérieur à celui de la transition », dans son rapport public « La transition écologique » de septembre 2025 .

Les prévisions économiques pour 2026 confirment ces inquiétudes. La dette publique nationale représente 113,9 % du PIB. Dans ce contexte, un plan pluriannuel de retour à l’équilibre vise à ramener le déficit à moins de 5 % du PIB en 2026.

Selon les dernières informations, les collectivités territoriales seraient appelées à contribuer à hauteur de 5,3 milliards d’euros, soit 13 % de l’effort global, alors que leur part dans l’endettement national reste stable à moins de 8 % du PIB depuis 1982.

Plusieurs mesures impacteraient directement les finances locales : le dispositif de lissage des recettes fiscales (DILICO) serait pérennisé et amplifié avec un prélèvement doublé à 2 milliards d’euros, les budgets ne pourraient progresser qu’au rythme de l’inflation estimée à 1,3 %, les dotations d’investissement seraient revues à la baisse, et des ajustements seraient prévus sur les prélèvements sur recettes et les compensations fiscales. La hausse des cotisations CNRACL, décidée début 2025, se poursuivrait avec un impact de 2 millions d’euros supplémentaires par an. À cela s’ajoutent la reconduction et le doublement du DILICO, ainsi que des ajustements sur plusieurs dotations dont la suppression progressive de la DCRTP (compensation des pertes de recettes de la taxe professionnelle).

Devant ces instabilités, les collectivités locales, premier échelon de proximité, doivent rester des pôles de stabilité et de confiance. Considérant les incertitudes entourant l’adoption de la loi de finances 2026, la ville fait le choix, comme pour le BP2025, de maintenir le vote du budget primitif en décembre, tout en prévoyant un budget rectificatif en juin pour assurer la continuité du service public tout en gardant la souplesse nécessaire pour intégrer les évolutions législatives à venir.

 

Grenoble maintient son cap

Pour maintenir des équilibres financiers soutenables et préserver une capacité à investir pour l’avenir, des économies de fonctionnement de 2,8 millions d’euros par an entre 2026 et 2028 sont programmées, fruit d’un long travail de concertation avec l’ensemble des directions.

Pour autant la situation écologique et sociale invite à poursuivre des politiques publiques ambitieuses. Les investissements dans la transition ne sont pas une option mais une nécessité économique et écologique. Les services publics dispensés aux populations les plus vulnérables et le soutien aux associations constituent également des missions essentielles des collectivités territoriales.

Certains projets d’investissement arrivent à leur terme : le groupe scolaire des Trembles, la tour Perret, la rénovation de la bibliothèque Gisèle Halimi, la première tranche de travaux du quartier de l’Esplanade, l’ouverture du Carré à la Villeneuve, la piétonnisation de rues, la végétalisation et la création de pistes cyclables sur plusieurs axes de notre ville.

La rénovation des écoles se poursuit. D’autres projets sont inscrits pour 2029-2030, parmi lesquels le projet de grande bibliothèque et la cuisine centrale.

 

De nouveaux outils pour la Ville

Pour mieux orienter les décisions d’investissement, de nouveaux outils ont été développés au sein des services de la Ville.

Une grille d’analyse sociale et environnementale, récompensée par le prix de l’innovation 2025 de l’AFIGESE, permet de prioriser les projets selon leurs impacts. Le fonds « mémoire des évitements » permet quant à lui de réinvestir les économies d’énergie réalisées dans de nouveaux projets d’efficacité énergétique. En 2025, la baisse des dépenses de fluides a permis d’alimenter ce fonds à hauteur d’un million d’euros, dédiés à des projets générant de nouvelles économies.

Grenoble poursuit ses projets

De nombreuses mesures du bouclier social et climatique initiées en 2023 et 2024 continuent en 2026 : gratuité des fournitures scolaires, repas à 75 centimes à la cantine, aides aux propriétaires occupant-es et aux plus vulnérables, lutte contre la précarité énergétique, gratuité des musées, élargissement des bourses au conservatoire, soutien à la transition alimentaire. Une mutuelle communale est désormais accessible aux Grenobloises et Grenoblois. Le soutien de la Ville aux associations se poursuit même si la compensation de la baisse d’engagement de certains partenaires ne peut être totale.

L’année 2025 a vu le lancement de projets structurants pour le territoire qui se poursuivent en 2026 : lancement des travaux d’embellissement de la place de Metz et de l’avenue Jeanne-d’Arc, montée en puissance des chantiers de requalification de l’Arlequin et du parc Jean Verlhac, poursuite du plan piscine avec la rénovation du Clos d’Or et les études sur Jean Bron, avancée du projet de lac de la Villeneuve, végétalisation des cours d’écoles et de crèches, rénovation d’équipements sportifs. Tous ces investissements visent à adapter la ville au changement climatique tout en améliorant le quotidien des habitantes et habitants.

Au-delà des équipements, ce sont aussi les services qui évoluent : ouverture de l’équipement jeunesse de la Villeneuve, aide aux associations alimentaires et au projet de sécurité sociale de l’alimentation, mise en oeuvre du plan chien en ville, expérimentation de participation citoyenne en quartier populaire.

Un budget n’est pas qu’un exercice technique. Il traduit des priorités et des choix face aux contraintes. Entre prudence budgétaire nécessaire et besoins croissants de solidarité et de transition écologique, ce rapport d’orientation budgétaire atteste d’une priorité : préserver les plus vulnérables et la possibilité d’une ville vivable dans un contexte d’urgence climatique et de contrainte budgétaire forte.

Les défis auxquels font face les collectivités territoriales sont considérables. Elles assument au quotidien des missions essentielles pour la cohésion sociale et la transition écologique, tout en devant composer avec des ressources de plus en plus contraintes. C’est dans cet équilibre délicat que va s’inscrire le budget 2026, avec la volonté de maintenir un service public de qualité et de préparer l’avenir de notre territoire.

 

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