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Abbaye : Grenoble engagée pour le droit au logement

Par 20 janvier 2021 Pas De Commentaires

Depuis le 12 décembre 2020, l’un des bâtiments des anciennes cités ouvrières de l’Abbaye est occupé par des militant-es associatif-ves et des personnes sans-abri. Le point, sur la situation et les engagements de la Ville en la matière avec Céline Deslattes, conseillère municipale déléguée à la Grande précarité.

Q : Quelle est la situation à l’Abbaye ?

Céline Deslattes : Depuis le 12 décembre, des militant-es associatif-ves et des personnes mal-logées se sont installées au 7 place Laurent Bonnevay dans le quartier de l’Abbaye. Pendant un mois, jusqu’au 12 janvier, les militant-es sur place ont refusé de fournir aux travailleur-euses sociaux-ales les informations nécessaires à l’accompagnement des occupant-es. Pourtant, ces travailleur-euses sociaux-ales sont soumis à une déontologie professionnelle qui exclut la transmission de ces informations à quiconque.

Ainsi, aucun contact direct n’a pu être fait avec les occupant-es pendant un mois. A l’occasion de la visite du 12 janvier, 8 personnes ont été rencontrées. Toutefois, il ne nous est toujours pas possible de savoir exactement combien de personnes se trouvent sur place pour pouvoir leur permettre d’accéder à un logement décent.

Certain-es militant-es nous accusent de faire obstruction au rétablissement des fluides. Nous n’avons pas ce pouvoir, ni au nom de GEG ni au nom d’Actis, et nous préférons privilégier un suivi par des professionnel-les pour ces personnes aux parcours complexes.

Q : La coupure des fluides est-elle liée à cette occupation ?

CD : Non. Le bâtiment occupé doit faire l’objet d’un projet de réhabilitation lancé il y a 4 ans. Dans ce cadre, tous-tes les locataires ont été relogé-es dans d’autres logements d’Actis (bailleur métropolitain) dans le cadre d’une Charte de relogement. Ce processus a duré 4 ans, pour répondre aux besoins et souhaits de chaque foyer.

Les radiateurs des appartements ont ainsi été coupés au fur et à mesure des départs, tandis que la sous-station de chauffage commune à plusieurs immeubles est restée active jusqu’au départ des dernier-ères locataires le 10 décembre dernier. Après ce départ, la procédure, actée bien avant l’occupation, a suivi son cours pour permettre à Actis, gestionnaire des logements, de les restituer à l’EPFL-D (Etablissement public foncier local du Dauphiné) qui en est propriétaire.

La mairie n’est pas propriétaire d’Actis. Il s’agit d’un bailleur public métropolitain, dont le conseil d’administration est composé d’élu-es métropolitain-es, de personnalités extérieures et de représentant-es des locataires.

Q : Quel est le projet de la Ville pour cet ensemble d’habitation ?

CD : Le projet dans lequel nous nous sommes engagé-es dès 2016 prévoit de réhabiliter 12 des 15 bâtiments de l’ensemble qui se trouvent au cœur de l’Abbaye, dont 30 à 40 % de logements sociaux. Il s’agit de faire évoluer l’Abbaye vers plus de mixité, avec une réelle vie de quartier et des espaces publics retravaillés. Nous avons inclus un volet participatif au projet depuis deux ans, pour en faire un lieu vivant et agréable pour ses futur-es habitant-es comme pour les actuel-les résident-es du quartier.

Q : Que propose la Ville pour mettre un terme à cette situation précaire ?

CD : Il est absolument nécessaire les travailleur-euses sociaux-ales puissent faire leur travail et entrer en contact avec tous-tes les occupant-es pour pouvoir réaliser un bilan social, proposer des solutions d’hébergement et réaliser leur suivi. Nous demandons donc aux militant-es associatif-ves de laisser les professionnel-les de la Métropole et du CCAS intervenir, pour enfin sortir de cette impasse et permettre aux personnes de  retrouver une situation stable. Par ailleurs, une discussion est en cours avec la préfecture pour envisager la transformation du bâtiment en hébergement d’urgence, et ainsi augmenter les capacités d’accueil. Cela suppose néanmoins que les travailleur-ses sociaux puissent créer un lien avec les personnes souhaitant y être accueillies.

Q : Quelle est la position de la Ville sur le droit au logement ?

CD : La Ville et le CCAS sont pleinement engagés pour l’accès des personnes à un logement décent. Alors même que nous n’avons aucune obligation légale à agir en ce sens, la Ville propose plus de 400 places d’hébergement de différents types sur la commune pour répondre aux divers besoins des personnes mal-logées. Nous avons également monté une Equipe juridique mobile (composée de juristes, de travailleur-ses sociaux-ales et de travailleur-ses pairs) qui a pour but d’aider les personnes à faire appliquer le droit au logement et à l’hébergement reconnu par la loi.

Par ailleurs, nous avons interpellé le Préfet sur les difficultés rencontrées par les associations et les personnes sur le terrain vis-à-vis du dispositif hivernal. Nous lui avons adressé un courrier dédié lui signalant les refus opposés par le 115, alors que toutes les places du dispositif ne sont pas attribuées. Nous lui avons également signalé les conditions de salubrité et de sécurité indignes dans certaines de ces structures. Il est temps que l’Etat prenne ses responsabilités pour l’accueil inconditionnel des personnes sur toute la métropole.

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