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Vœu du groupe GeC pour le retrait du projet de loi de la réforme des retraites

 

Voici maintenant plus de 40 ans que les conquis sociaux, qui faisaient autrefois le rayonnement de la République Française dans le monde, sont remis en question et fragilisés. Les périodes de crises successives ont été autant de prétextes pour laisser les inégalités et la précarité s’accroître. Aujourd’hui le Gouvernement souhaite reculer l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans d’ici 2030, porter la durée de cotisation à 43 ans dès 2027, accélérer la réforme “Touraine”, et mettre fin aux régimes spéciaux des travailleurs. Les arguments avancés : l’hypothétique déficit de la caisse des retraites, et le relatif allongement de l’espérance de vie.

Une réforme fortement réprouvée par la population

Selon une enquête de l’institut Ifop, 69 % des Français-es sont opposé-es à cette réforme et même 94 % des actifs. De plus, les arguments avancés sont discutables : selon l’économiste Gilles Raveaud, les réserves totales du système de retraites par répartition s’élèvent à 206 milliards d’euros. Même si un déficit peut se creuser dans les prochaines années, de nombreuses mesures (égalité salariale femmes/hommes, augmentation des salaires et du point d’indice dans la fonction publique, emploi,
taxation des superprofits, rétablissement de l’ISF…) pourraient être mises en place pour le résorber. Pour ce qui est de l’allongement de l’espérance de vie, non seulement il est justement lié à l’avancée de l’âge de départ à la retraite dans les années 80 et à l’allègement du temps de travail, mais l’espérance de vie en bonne santé, essentielle pour continuer à travailler, n’a, pour sa part, pas vraiment augmenté (selon les chiffres de la DREES). Pire encore, selon l’INSEE, les ouvriers vivent en moyenne 6,4 années de moins en bonne santé que les cadres.

Les jeunes, les femmes, les plus précaires : premières victimes de cette réforme

Actuellement, le taux de chômage des moins de 25 ans est de 18,3 %. Comment permettre aux jeunes de trouver un emploi si les aîné-es ne peuvent pas céder leur place ? Les jeunes seront donc indirectement très impacté-es par cette réforme. Les femmes et minorisé-es de genre, surreprésenté-es dans les
métiers les plus précaires et aux carrières plus courtes et saccadées, se verront d’autant plus affecté-es par cette réforme. Enfin, la réforme pèsera mécaniquement sur les travailleur-ses les plus précaires, car l’écart d’espérance de vie entre les plus pauvres et les plus riches est de 13 ans, et un tiers des plus
pauvres sont déjà décédé-es à 64 ans.

La Ville de Grenoble emploie plus de 4000 agent-es publics. À ce titre et compte tenu de la difficulté d’alléger la pénibilité de nombre de métiers des agent-es de terrain, nous soutenons les agent-es de la ville mobilisé-es contre cette réforme qui les pénalise.
Les agent-es publics bénéficiant du service actif ou superactif au titre des conditions d’exercice liées à leurs missions devront être en activité deux ans supplémentaires. Au lieu de pouvoir choisir de partir à 52 ans ou à 57 ans, elles et ils seraient obligé-es de poursuivre leurs missions jusqu’à 54 ans ou jusqu’à 59 ans alors que les raisons qui ont conduit à cette solution-compensation, elles, continueraient de persister et de produire leurs effets. Les améliorations évoquées des droits des agent-es par la mise
en place d’une retraite progressive dans certains cas, par la conservation des droits liés au service actif et désormais leur portabilité, ne peuvent en aucun cas compenser le recul de l’âge d’ouverture des droits à la retraite ou l’allongement de la durée de cotisation. Elle fait craindre aux employeurs territoriaux une
explosion des cas de départs en retraite anticipée pour invalidité qui assombrirait les fins de carrière de nombreux agent-es de terrain.

La réforme des retraites prévue pour 2023 aura des conséquences négatives pour les travailleur-ses, les femmes, et les plus défavorisé-es de notre société. Elle entraînera une baisse des pensions de retraite, ouvrira la voie à une extension des retraites par capitalisation, encore plus injustes, et renforcera les inégalités entre les générations. Cette réforme est financièrement non nécessaire, socialement non justifiée, et démocratiquement inadmissible.

 

En conséquence, le conseil municipal de la Ville de Grenoble :

  • demande au Gouvernement de renoncer à la réforme qu’il a engagé visant à porter à 64 ans l’âge légal de départ à la retraite, à allonger la durée de cotisation à 43 ans et supprimer les régimes spéciaux des travailleurs-ses ;
  •  demande au Gouvernement d’engager avec les salarié-es, les organisations syndicales, et les citoyen-nes, une véritable concertation visant à protéger et améliorer notre système de retraite par répartition par des mesures de progrès et de partage des richesses ;
  • soutient les initiatives des organisations syndicales ou des collectifs de citoyen-nes visant à améliorer notre système de retraite par répartition.

 

 

 

Sources :

Enquête IFOP pour le Journal du Dimanche, février 2023 :
https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2023/02/119783-Rapport.pdf

Enquête DREES, janvier 2018 : https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2020-09/er_1046_-_esperance_de_vie.pdf

Statistiques ISEE, Espérance de vie à 35 ans par catégorie socioprofessionnelle et diplôme, janvier 2016 : https://www.insee.fr/fr/statistiques/2383438

 

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