Conseil Municipal

Vœu du groupe Grenoble en Commun pour diminuer le temps de travail pour suivre le sens de l’Histoire

Ce 13 décembre 2021, en marge d’une délibération définissant les modalités d’application de la loi dite « de transformation de la fonction publique » imposant les 1607 heures annuelles pour les agent-es grenoblois-es, les élu-es Grenoble en Commun on voté un vœu demandant la diminution de la durée du temps de travail à 32h, pour toutes et tous.

Photo : Agê Barros – Unsplash

Journée de 10 heures en1848, journée de 8 heures en 1919, semaine de 40 heures en 1936, de 39 heures en 1982, et enfin de 35 heures en 2000… En France, depuis le décret du Gouvernement provisoire de 1848 aux lois Aubry de 1998 et 2000, la durée légale de travail n’a cessé de décroître au gré des grandes avancées sociales et sociétales.

Depuis 1945, elle a diminué de près de 25% pour atteindre aujourd’hui, en France, les 35 heures. Statistiquement, le temps de travail effectif se situe pourtant légèrement au-dessus, puisqu’un-e salarié-e français-e passait, en 2020, 36,5 heures sur son poste de travail. C’est davantage que chez certains de nos voisins européens : Italie, Norvège, Pays-Bas, et même l’Allemagne, pays pourtant souvent érigé comme un modèle par nombre d’économistes et par la mouvance politique néo-libérale française.

En France, plus de 20 ans après le passage aux 35 heures, la semaine à 32 heures stimule les esprits. Pour l’économiste Eric Heyer, de l’OFCE, elle est « une formidable arme économique en période de crise ». Pour Pierre Larrouturou, la mesure permettrait de créer entre 1,5 et 2 millions d’emplois. Défendue par des organisations syndicales, des économistes, des chercheurs et chercheuses… cette proposition trouve aujourd’hui un écho positif auprès de quelques entreprises qui sont passées à la semaine de 4 jours sans perte de salaire. A contre-courant du modèle sarkozyste du « travailler plus pour gagner plus » des chef-fes d’entreprises visionnaires misent aujourd’hui sur le «travailler moins pour travailler mieux», considérant que le « mieux vivre » a un impact indéniable non seulement sur la santé physique ou mentale de leurs salarié-es, mais aussi sur l’engagement personnel au travail et donc,in fine,sur la productivité.

Travailler moins longtemps c’est travailler mieux. Mais travailler moins, c’est aussi partager le travail et les richesses qu’il permet de produire. Au sens du BIT, le nombre de chômeurs et chômeuses atteint les 2,4 millions au premier trimestre 2021 en France soit 8,1% de la population active. Par ailleurs, 5,7 millions de personnes sont inscrites à Pôle Emploi en octobre 2021. Pourtant, des pans entiers de notre économie souffrent d’un manque de main d’œuvre structurelle, essentiellement du fait de la pénibilité des emplois, des horaires, des bas salaires… une réalité structurelle qu’il serait erroné de n’affecter qu’à la crise Covid, qu’il s’agisse des secteurs de la restauration ou de l’hôpital public. Partager le travail dans ces professions constituerait seulement un premier pas, urgent, qu’il serait nécessaire d’accompagner d’une meilleure organisation du travail intégrant mieux les souhaits des salarié-es, d’une revalorisation des salaires, de meilleures formations, d’une meilleure reconnaissance de l’utilité sociale évidente des salarié-es, comme l’a révélé la crise sanitaire.

La semaine de 4 jours doit être un choix sociétal majeur:choix individuel de la durée de travail, organisation du travail par le dialogue social, moins de déplacements, meilleure répartition des rôles entre parents, des vraies carrières pour les femmes et les minorités, un meilleur partage des richesses.

Le travail, s’il est pour certain-es un cadre d’émancipation, ne doit pas limiter l’épanouissement par ailleurs. Les transitions démocratiques, économiques, sociales et environnementales nécessaires nous imposent de trouver du temps hors travail. Du temps pour réinventer son quotidien. Du temps pour penser l’avenir, s’émanciper, prendre soin de soi et des autres. Du temps pour s’engager dans des associations, des collectifs, et cultiver ses talents. Du temps pour accompagner nos enfants et nos ainé-es, nos proches en fragilité et faire vivre la solidarité. Du temps pour créer cette richesse populaire qui n’est pas calculée dans le PIB, et celle qui ruisselle réellement car elle est quotidienne.

Continuer la diminution du temps de travail, c’est le sens de l’Histoire.

Considérant qu’il s’agit là d’une question de société et de choix de partage des richesses, impactant de ce fait l’ensemble de la population française, le Conseil municipal de Grenoble demande au Gouvernement français l’ouverture d’un débat national sur la place du travail dans notre société, dont celui de la poursuite de la réduction de sa durée légale à 32 heures hebdomadaires.

 

 

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