Conseil MunicipalVille Inclusive - Égalité des droits - Accessibilité

Vœu pour la dignité, la reconnaissance et la non-rupture des droits des Chibanis et Chibanias

 

Venus du Maghreb dans les années 1950 à 1970, les Chibanis constituent cette génération d’immigrés qui a répondu à l’appel de la France pour venir travailler comme ouvriers dans l’industrie, les mines, ou encore le bâtiment durant la reconstruction post-Seconde Guerre mondiale et les « Trente Glorieuses ».

À Grenoble, cette main d’œuvre étrangère a participé à la transformation de notre territoire autour de la période olympique. La Ville leur a d’ailleurs rendu hommage à travers l’exposition « Ils ont fait les Jeux » lors du cinquantenaire des JO de 1968. Aujourd’hui âgé-es de plus de 65 ans, ces travailleur-euses sont devenus des « Cheveux blancs », ou des « Chibanis », en arabe dialectal et mérite que la France leur exprime sa gratitude en les accompagnant dignement dans leur retraite.

De nombreux Chibanis, venus seuls, n’ont pas ou peu construit de réseau social en France et
vivent aujourd’hui isolés, loin de leurs familles. Ils et elles font partie de ses 900 000 personnes âgées souffrant d’isolement à cause des actions insuffisantes de l’État pour répondre aux besoins des populations vulnérables. Invisibilisée, cette génération peine à faire valoir ses droits, au point que les Chibanis ont été qualifiés de « grands oubliés de l’intégration » par un rapport du Haut Conseil à l’Intégration en 2004 qui posait alors la question du respect de ces personnes, de leur accès à la nationalité, de leur accès aux droits
sociaux et au logement.

Grenoble se range auprès de ses habitant-es en dénonçant la vulnérabilité multifactorielle de la population vieillissante de Chibanis. À cause de conditions de vie précaires, des parcours marqués par la pénibilité des emplois, le bafouement de leurs droits par des employeurs peu scrupuleux, des périodes de chômage prolongées et des revenus modestes, leur vie a été semée d’embûches injustes. En 2013, c’est une Mission d’information sur les immigrés âgés, constituée par l’Assemblée nationale, qui pointait leurs conditions de vie restées difficiles. Beaucoup ont travaillé dans des conditions où les cotisations sociales étaient insuffisantes, ce qui entraîne aujourd’hui des retraites très faibles. Certains vivent encore dans des foyers de travailleur-euses, avec des moyens limités (ex-SONACOTRA).

Les Chibanis font face à de nombreuses difficultés : la barrière de la langue, un accès limité aux soins, à l’information et aux services essentiels. Les logements occupés par les Chibanis depuis des décennies sont souvent usés, voire insalubres et l’accès aux infrastructures adaptées aux personnes âgées est limité par des inégalités socio-spatiales fortes. La complexité des démarches administratives rendent difficile l’effectivité des droits, aggrave le risque d’isolement et de grande pauvreté, touchant ainsi à des facteurs aggravants pour la santé physique et psychologique des personnes âgées.

Enfin, l’invisibilité des Chibanias, femmes immigrées âgées, souvent veuves, vivant de pensions de réversion dérisoires révèle aussi une défaillance. Le positionnement des gouvernements depuis dix ans n’ont eu de cesse de : réduire les droits  sociaux, nier la dignité et précariser encore plus les Chibani-as en France. Il est nécessaire d’inverser la tendance et être à la hauteur du sacrifice des Chibanis et Chibanias pour le bien-être collectif. Ils et elles ne doivent pas être oublié-es ni laissé-es dans la pauvreté.

 

Le Conseil municipal de Grenoble demande au Président de la République et au
Gouvernement :

– de rendre aux Chibanis et Chibanias une liberté d’aller et de venir entre leur pays d’origine et la France en guise de reconnaissance pour le travail accompli et de cesser les contrôles discriminatoires sur toutes les personnes âgées immigrées ;

– de permettre aux familles issues des pays d’origine de s’installer en France pour accomplir la mission d’aidant-es auprès de leurs aîné-es, notamment Grenoblois-es ;

– de garantir un service public d’accueil des étranger-ères au sein des Préfectures pour faciliter leurs démarches administratives et éviter qu’elles ne soient captées et revendues par des réseaux frauduleux.

 

 

 

 

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