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40 ans après la marche pour l’égalité et contre le racisme, pour une réelle politique antiraciste.

Au Conseil Municipal du 18 décembre 2023, Grenoble en Commun a fait voter un vœu pour demander une réelle politique antiraciste, 40 ans après la marche pour l’égalité et contre le racisme.

Il y a quarante ans, se déroulait la Marche pour l’égalité et contre le racisme dans un contexte de nombreux crimes racistes : attaques à l’explosif contre des foyers de travailleurs migrants, meurtre commis dans le train Bordeaux-Vintimille, mort par balle du jeune Toufik Ouanes en Seine-Saint-Denis. Par ailleurs, en marge de révoltes urbaines, des jeunes sont violenté-es, comme le responsable associatif Toumi Djaïdja, grièvement blessé par la police à Vénissieux, qui sera un des initiateurs de la Marche.

D’octobre à décembre 1983, la Marche a traversé la France de Marseille à Paris, à la rencontre des Français-es, agrégeant à chaque étape des marcheur-euses : iels étaient plus de 100000 le 3 décembre 1983 à Montparnasse. Pour nombre d’entre nous, cette marche est une référence de nos engagements et un temps d’affirmation des descendant-es d’immigré-es pour revendiquer l’égalité des droits.

40 ans après, des enquêtes sociologiques, journalistiques, des testings réalisés par des chercheurs ou des associations, des jugements, tout comme les rapports officiels du Défenseur des Droits, de l’Institut National d’Études Démographiques, de l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE) ou de l’Organisation des Nations Unies (ONU), attestent des discriminations à caractère raciste dans le monde du travail, dans l’accès au logement, à la justice, dans le domaine de la santé, de l’éducation ou encore de la police.

De plus, le contexte actuel et de ces dernières années est plus qu’alarmant. En effet, nous voyons réapparaître des actes racistes et xénophobes comme au début de l’année à Saint-Brévin où un maire a vu sa maison et sa voiture brûlée, le vendredi 3 février un homme a été condamné à 25 ans de réclusion criminelle pour un meurte à caractère raciste commis en janvier 2018. En décembre 2022, une fusillade à caractère raciste a eu lieu au centre culturel kurde à Paris. En mars 2022, Federico Martin Aramburu, ex-international de rugby argentin, a été tué par des membres de l’extrême droite. On observe aussi une recrudescence de tags de croix gammées et de raids d’extrême droite partout en France. Cette liste non exhaustive nous montre combien les actes racistes augmentent fortement et combien l’extrême droite se sent à son aise partout. Grenoble ne fait pas exception : dernièrement, on a pu voir une manifestation d’extrême-droite dans laquelle des propos racistes et xénophobes ont été tenus.

La normalisation du discours d’extrême droite est facilitée par un gouvernement qui joue avec le feu en instrumentalisant les symboles de la République pour faire monter le racisme et la xénophobie. Ainsi, le terme de “République” est utilisé non pas pour unir le peuple mais pour en exclure une partie qui ne serait pas assez “républicaine”. Nous disons stop à cette instrumentalisation raciste qui gangrène notre société. Afin de faire vivre notre devise “Liberté, Egalité, Fraternité” nous devons endiguer le racisme, car celui-ci est une atteinte aux valeurs de notre République.

Face à ces constats, les collectivités territoriales, dont la nôtre, sont engagées dans la lutte contre le racisme : en soutenant les associations pour accompagner, prévenir et former, et en agissant au cœur de nos politiques publiques par des actions concrètes pour combattre toutes les formes de discriminations. Grenoble s’engage d’ailleurs à aller plus loin dans la lutte contre les discriminations à caractère raciste, car le chemin est encore long. Si l’engagement des collectivités territoriales est nécessaire, l’action volontariste de l’État est indispensable.

Après l’échec du Plan national contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations liées à l’origine de 2018, le nouveau plan présenté par le Gouvernement en janvier 2023 aurait dû marquer un tournant dans la prise en charge des discriminations systémiques par les pouvoirs publics. Néanmoins, en ignorant les discriminations ressenties ou vécues, le plan et ses 80 mesures présentées, sans budget alloué, est révélateur d’un manque d’ambition.

À l’occasion des 40 ans de la Marche pour l’égalité et contre le racisme, en écho à l’appel des marcheur-euses d’hier et d’aujourd’hui, et suite à la mort cet été du jeune Nahel, nous appelons l’État à mettre en place des mesures concrètes, aux côtés de tous les acteurs locaux, pour agir rapidement et efficacement afin d’engager, enfin, une politique publique de lutte contre le racisme et les discriminations. C’est une exigence démocratique, et un moyen efficace pour que nos concitoyen-nes retrouvent confiance dans les institutions.

Une politique nationale de lutte contre le racisme nécessite une approche globale qui passe entre autres par l’observation et la reconnaissance de celles-ci, la formation, la mobilisation du droit, et des changements de pratiques. La non-discrimination doit être un objectif intégré de l’ensemble des politiques publiques.

Le Conseil Municipal de la Ville de Grenoble demande au Gouvernement : 

  • d’allouer les moyens humains et financiers nécessaires dans le domaine judiciaire et policier urgemment afin de condamner les actes racistes et xénophobes sur le territoire ; 
  • la traçabilité des contrôles d’identité, la mise en oeuvre d’un organe indépendant de contrôle et d’enquête de la force publique, tout en renforçant la formation des professionnel-les du droit et de la police et gendarmerie dans le champ de la lutte contre les discriminations, pour lutter contre les contrôles au faciès, (problème qui a été reconnu par le Conseil d’État) ;
  • de lancer une consultation des acteur-rices de la lutte contre le racisme et des personnes concernées dans le but d‘élaborer un plan de lutte efficace contre le racisme qui portera notamment sur les questions de santé, d’éducation, de logement, d’emploi, et de justice ;
  • de permettre l’application réelle de la  loi n° 2001-434, du 21 mai 2001, qui tend à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité ;
  • d’interdire systématiquement les manifestations et rassemblements promouvant le racisme et/ou la xénophobie, car ces idées menaçent la République, ne relèvent pas de la liberté d’expression mais du racisme, et sont contraires à la proclamation de l’égalité des êtres humains promue par l’article Premier de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

 

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